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Trente-neuf femmes conviées à table, trente-neuf femmes qui ont traversé le temps : la poétesse Sappho, la reine Aliénor d’Aquitaine, la peintre Artemisia Gentileschi, l’écrivaine Virginia Woolf… Toutes, sous l’œil bienveillant d’une déesse primordiale, ont été réunies au milieu des années 1970 par Judy Chicago : dans The Dinner Party, elles ripaillent, spectrales, autour d’assiettes en forme de vulves, de fleurs ou de papillons. Cette installation bouleversante ne quitte jamais le Brooklyn Museum qui l’abrite. Mais elle suffit à comprendre le titre de la rétrospective que LUMA Arles consacre à cette pionnière américaine de l’art féministe : « Herstory », son histoire à elle, qui rejoint celle des millions de femmes amoindries par la grande histoire des mâles (history).
Ce vaste hommage est le plus important jamais consacré en Europe à l’enfant de Chicago qui a pris le nom de sa ville natale pour ne pas porter celui de son mari. Il permet de (re) découvrir tout un pan méconnu de cette œuvre prolifique. Soixante ans de carrière, entamée dans un atelier de carrosserie, où l’artiste apprit à peindre à coups de pigments pulvérisés phallus, vagins et testicules entremêlés.
Judy Chicago trouve véritablement sa voie dans les années 1970, en participant au Feminist Art Program de Fresno, en Californie. De cette initiation naît une œuvre fondatrice, Womanhouse. Avec son acolyte Miriam Schapiro et une vingtaine d’étudiantes, elles font d’une maison, espace où ont été reléguées les femmes, une œuvre en soi, une chambre à soi. Leur histoire. Elle détourne aussi l’abstraction, façon psychédélique, nichant dans les formes géométriques des détails charnels. Nimbant des corps de femmes de fumées colorées, ses performances pyrotechniques sont à la fois immolation et libération. C’est avec la réactivation de l’une d’elles que LUMA a inauguré son exposition. Explosif !
« Judy Chicago : Herstory », LUMA, 35, avenue Victor-Hugo, Arles (Bouches-du-Rhône). Jusqu’au 29 septembre.
Le morceau Where Them Girls At, de Megan Thee Stallion, c’est un peu la version 2024 et rap de Girls Just Want to Have Fun (1983), de Cindy Lauper, en beaucoup plus bad bitches – ces jeunes femmes qui reprennent les codes sexistes de leurs pairs masculins pour mieux afficher leur sexualité et leur confiance en elles. Le tempo est plus lent que l’hymne des années 1980 de la punk new-yorkaise mais tout aussi efficace. La rappeuse texane âgée de 29 ans, elle, reprend les basses et le refrain des deux morceaux phares du roi de la twerk music, Booty Hopscotch et Booty Me Down, de Kstylis. On l’imagine volontiers la démarche assurée, les ongles faits, les cheveux apprêtés et le visage déterminé. A écouter cet été avant de partir en soirée, en club ou à la plage.
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